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Le courroux du défunt
14/11/2013 05:05
Dans un des villages d’un pays de la sous région un fervent croyant musulman qui suivait l’islam de tout son cœur et de toute son âme venait de passer le sabre à gauche, pour parler soutenue. Pour parler dans le langage courant il venait de quitter le monde des vivants pour son dernier voyage.
Les femmes, les enfants et des parents inconsolables remplissaient la cour de leurs pleurs lugubres. La cour du défunt était noire de monde et les gens continuaient de venir pour présenter leurs doléances et manifester leur compassion.
La nouvelle a fait le tour du village dans l’après midi et les croyants se sont activés pour qu’avant la tombée de la nuit le défunt puisse loger dans sa dernière demeure. Les jeunes vaillants du village en quelques coups de pioche et de baramine ont terminé la tombe qui doit recevoir l’illustre disparu. Au cimetière pendant les coups de pioche et de baramine, on distribuait du cola à croquer plus de l’eau fraîche aux gens pour réconforter les uns et les autres.
Monsieur Darmanin était un bon vieux croyant qui depuis l’annonce du décès ne cessait de se plaindre. Il se disait pourquoi ce sont les jeunes qui s’en vont laissant eux les vieux qui sont en fait près pour la mort. Il a été de ces vieux là qui ont supervisé les travaux au niveau du cimetière.
Une fois la tombe finie, on téléphona chez le défunt et le cortège funèbre aussitôt prit la route du cimetière. En quelques minutes le cortège a rejoint les gens au cimetière accompagnés par les pleurs interminables des femmes. Avec solennité et respect quelques jeunes firent descendre le corps du défunt emballé dans une natte neuve et le déposèrent au bord de la tombe. On fit alors descendre le corps dans la tombe. On plaça des dalles sur le petit rectangle où repose le corps mais il restait encore un petit espace à boucher. C’est ainsi que le vieux Darmanin alla à l’arrière du véhicule « bâchée » pour prendre un morceau de dalle.
Une fois arrivé, il sauta à l’arrière pour se saisir du morceau de dalle tant voulu. Pendant qu’il tentait de s’avancer un peu pour mieux prendre le morceau, le bout de son boubou s’accrocha aux bords fendillés de l’arrière de la « bâchée »et il eut une force opposée anormale à son élan.
Ce fut la panique chez le vieux darmanin qui croyait que le défunt était venu jusqu’au niveau de la « bâchée » pour régler ses comptes avec lui.
Immobile, pétrifié, tremblant, figé, craignant surtout de regarder vers le pan coincé de son boubou, il se mit à parler : « On ! On ! Il y a Amado, il y a Boukaré. Je ne suis pas le seul ! Si c’est à cause de la cola, tu peux prendre ta cola et me laisser tranquille ! »
Entre temps, dans la peur, il fit un petit geste et le bout de son boubou fut relâché par hasard par les bords du véhicule. Vieux Darminin comme un chat, se concentra puis de toutes ses forces, il sauta hors du véhicule en criant. Une fois à terre, il se mit immédiatement à faire de grandes vitesses comme jamais vieille personne ne l’a fait.
Ce fut l’apocalypse au cimetière, un indescriptible sauve qui peut. Les gens se mirent à fuir de manière désordonnée dans tous les sens. Tout le monde est devenu athlète. Les propriétaires de véhicules, ceux de motos et de vélos laissèrent sur place leurs logistiques et rivalisèrent de vitesse avec les piétons. Certains qui semblaient sentir davantage le danger s’approcher jetèrent leurs noix de cola comme ils peuvent et accélèrent de plus bel afin d’échapper à la vindicte, à la colère du défunt.
Ce jour là, on a pu savoir qui est qui dans ce monde plein d’hypocrisie
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